Top 10 des pays africains connaissant la croissance la plus rapide en termes de PIB en 2024
L’histoire économique de l’Afrique est contrastée : un potentiel abondant d’un côté, et des obstacles structurels de l’autre. En 2025, plusieurs pays africains affichent des trajectoires de croissance remarquables malgré l’incertitude économique mondiale et les défis régionaux.
Les prévisions de produit intérieur brut de cette année soulignent la ténacité et la capacité d’adaptation de ces économies, portées par les réformes, les investissements dans les infrastructures, les exportations de matières premières et l’influence croissante des technologies et des services.
Avec une population estimée à 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050, dont plus de 60 % ont moins de 25 ans, l’Afrique demeure le continent le plus jeune et l’un des plus riches en ressources naturelles au monde.
Cet avantage démographique, conjugué à l’importance stratégique de l’Afrique dans l’approvisionnement en minéraux essentiels à la transition énergétique mondiale, tels que le lithium, le cobalt et les terres rares, l’a placée au cœur du commerce international et des préoccupations géopolitiques.
Dans ce contexte, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) offre des opportunités sans précédent pour stimuler le commerce intra-africain, développer les chaînes de valeur régionales et créer des emplois dans tous les secteurs.
Pourtant, le continent est également confronté à des difficultés majeures. La forte inflation, la volatilité des devises, le poids de la dette publique et les catastrophes climatiques continuent de perturber la stabilité des principaux marchés. L’instabilité politique dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, conjuguée à la faiblesse des institutions, a encore compliqué la reprise macroéconomique. En réponse, de nombreuses banques centrales africaines ont mis en œuvre des politiques monétaires restrictives début 2025, augmentant les taux d’intérêt afin de stabiliser l’inflation et d’attirer les investissements.
Au milieu de ces forces concurrentes, plusieurs pays africains se sont imposés comme des pionniers en termes de croissance du PIB, surpassant leurs pairs régionaux, et ont pris des mesures audacieuses pour diversifier leurs économies.
Dans ce rapport, issu d’une étude du FMI, nous mettons en lumière les 10 économies africaines à la croissance la plus rapide en termes de taux de croissance du PIB annuel.
Mali
PIB 2024 : 4,4 %
Le Mali a enregistré une croissance du PIB de 4,4 % en 2024, avec des projections de 4,9 %. Bien que ce chiffre soit comparable à celui d’autres pays d’Afrique subsaharienne à faible revenu, des problèmes structurels continuent de limiter les gains à plus grande échelle.
L’économie demeure peu diversifiée et dépend fortement des exportations d’or et de coton. L’agriculture pluviale et les services à faible productivité dominent, tandis que l’industrie manufacturière se limite aux agro-industries et à l’égrenage du coton.
Le PIB a atteint 22,72 milliards de dollars, mais avec un faible revenu par habitant de 945,61 dollars, les défis de développement demeurent importants. En termes de pouvoir d’achat, le PIB du Mali atteint 67,55 milliards de dollars, ce qui reflète une valeur intérieure plus élevée une fois les coûts locaux pris en compte.
L’inflation s’est maintenue à 4,7 %, ce qui indique une relative stabilité des prix. Entre-temps, la population a atteint 24,03 millions d’habitants.
9. Angola
PIB 2024 : 4,5 %
L’économie angolaise a progressé de 4,5 % en 2024, marquant une progression constante, le pays s’efforçant de diversifier son économie pour s’affranchir de sa dépendance de longue date au pétrole. Avec un PIB de 115,95 milliards de dollars et un PIB par habitant de 3 050 dollars, l’Angola demeure l’une des plus grandes économies d’Afrique. En parité de pouvoir d’achat, son économie est évaluée à 382,67 milliards de dollars, ce qui reflète une plus forte croissance intérieure après ajustement aux prix locaux.
L’Angola possède un potentiel économique important. Riche en ressources naturelles, il dispose de vastes étendues de terres arables non cultivées et bénéficie de conditions climatiques favorables toute l’année, idéales pour une large gamme de cultures. De plus, environ la moitié de la population angolaise est jeune, ce qui représente un dividende démographique prometteur.
Les perspectives économiques de l’Angola pour 2025 ont été revues à la baisse par le Fonds monétaire international (FMI), la croissance étant désormais estimée à 2,4 %, contre 3 % initialement estimés.
Kenya
PIB 2024 : 4,5 %
L’économie kenyane, évaluée à 120,9 milliards de dollars en 2024, fait face à un mélange complexe de résilience et de défis, alors qu’elle traverse une reprise fragile. En 2023, le PIB du Kenya a progressé de 5,6 %, mais la croissance a ralenti à environ 4,5 % en 2024, en raison de l’inflation, des pénuries de liquidités, des chocs climatiques et des troubles politiques consécutifs aux manifestations de mi-année. Les efforts du gouvernement pour consolider les dépenses budgétaires et gérer la dette se heurtent à des difficultés, le recouvrement des recettes étant insuffisant.
À l’avenir, l’économie du Kenya devrait reprendre de l’élan, avec une croissance projetée à 4,8 % en moyenne entre 2025 et 2027. Cette reprise est alimentée par une baisse de l’inflation, une politique monétaire accommodante et un meilleur accès au crédit.
Tanzanie
PIB (exercice 2024) : 5,4 %
L’économie tanzanienne a enregistré une croissance de 5,4 % en 2024, prolongeant ainsi sa résilience malgré les chocs mondiaux et les obstacles structurels nationaux.
Avec une population de 69 millions d’habitants, ce pays d’Afrique de l’Est a enregistré un PIB de 80,17 milliards de dollars aux prix courants et un revenu par habitant de 1 230 dollars. Corrigé du pouvoir d’achat, le PIB s’élève à 269,76 milliards de dollars en 2024. Il devrait croître de 6 % en 2025.
L’économie reste largement diversifiée. L’agriculture emploie toujours les deux tiers de la population active, bien que sa contribution au PIB ait diminué à environ un quart. L’industrie représente désormais un tiers de la production économique, le reste étant assuré par les services.
L’urbanisation transforme le paysage : 37 % des Tanzaniens vivent désormais en ville.
La pauvreté demeure un défi persistant, 43 % de la population vivant sous le seuil international de pauvreté de 2,15 dollars par jour. Dirigée par la présidente Samia Suluhu Hassan, seule femme chef d’État d’Afrique de l’Est, la Tanzanie a maintenu sa stabilité macroéconomique.
Ghana
PIB (exercice 2024) : 5,7 %
L’économie ghanéenne a connu un fort rebond en 2024, avec une croissance du PIB de 5,7 %, contre 3,1 % l’année précédente, portée par l’essor du secteur extractif et la reprise du secteur de la construction.
Ce pays d’Afrique de l’Ouest, qui compte 34,4 millions d’habitants, a enregistré un PIB de 82,83 milliards de dollars et un revenu par habitant de 2 410 dollars. En termes de pouvoir d’achat, son PIB s’élevait à 276,36 milliards de dollars.
Le président John Dramani Mahama, nouvellement élu en décembre 2024, hérite d’un pays qui progresse dans la restructuration de sa dette grâce à un programme soutenu par le FMI.
Son administration est confrontée au double défi de rétablir la viabilité de la dette et de contenir l’inflation, qui a atteint 23,8 % dans un contexte de hausse des prix des denrées alimentaires et de dépréciation de 19 % du cedi.
L’expansion économique a été tirée par l’industrie, avec une croissance de 7,1 %, notamment dans les mines et la construction. Les services ont progressé de 6,1 %, grâce aux progrès réalisés dans les TIC, la finance et les transports, tandis que l’agriculture a enregistré une croissance modeste de 2,8 %.
Malgré les pressions inflationnistes, le secteur extérieur s’est renforcé. L’excédent courant de 3,2 % du PIB a été soutenu par les exportations d’or et de pétrole et par les importants transferts de fonds des migrants. Les réserves internationales ont atteint 8,98 milliards de dollars, couvrant quatre mois d’importations.
Côte d’Ivoire
PIB 2024 : 6,0 %
L’économie ivoirienne a progressé de 6,0 % au cours de l’exercice 2024 et devrait accélérer pour atteindre 6,3 % en 2025, confortant ainsi son statut parmi les pays d’Afrique subsaharienne les plus performants.
Au cours de la dernière décennie, ce pays d’Afrique de l’Ouest a connu une transformation progressive, passant d’une dépendance au cacao à des ambitions industrielles plus larges.
Entre 2012 et 2019, la Côte d’Ivoire a enregistré une croissance annuelle moyenne remarquable de 8,2 %.
Même pendant la pandémie de COVID-19, elle a maintenu un taux positif de 2 %. Depuis 2021, elle a retrouvé son dynamisme, renforçant son rôle de pôle économique régional et de pôle d’attraction pour les migrants au sein de la CEDEAO.
Le pays s’efforce aujourd’hui de rompre avec son passé d’exportateur de matières premières. Tout en restant le premier producteur mondial de cacao, la Côte d’Ivoire se développe dans des secteurs à valeur ajoutée comme la transformation de la noix de cajou. En 2024, les exportations de noix de cajou transformées ont dépassé les 330 000 tonnes, témoignant d’une transition vers l’industrialisation et l’intégration de la chaîne de valeur mondiale.
Ouganda
PIB (AF 2024) : 6,3 %
L’économie ougandaise a poursuivi sa croissance au cours de l’AF 2024, avec une croissance du PIB réel atteignant 6,3 %, contre 5,3 % l’année précédente. Ce pays d’Afrique de l’Est de 51 millions d’habitants devrait maintenir ce rythme à 6,1 % en 2025, grâce à la croissance des services et de l’industrie, qui représentent ensemble plus des deux tiers du PIB.
Les exportations de café et d’or, piliers économiques de longue date, combinées à l’augmentation des investissements dans le secteur pétrolier et à l’amélioration des chaînes d’approvisionnement mondiales, ont contribué à cette expansion. Les programmes gouvernementaux, tels que le Modèle de développement paroissial (MDP), ont également contribué à stimuler les économies locales et à renforcer la résilience.
L’inflation a fortement ralenti au cours de l’AF 2024. L’inflation globale est tombée à 3,2 %, contre 8,8 % en 2023, tandis que l’inflation sous-jacente est tombée à 3 %, deux niveaux bien inférieurs à l’objectif de 5 % de la Banque d’Ouganda. Ce déclin a été favorisé par la baisse des prix alimentaires, le resserrement de la politique monétaire et la stabilité de la monnaie.
Avec une inflation projetée à 4,2 % en 2025, l’Ouganda semble trouver un équilibre délicat entre croissance et stabilité des prix.
RD Congo
PIB 2024 : 6,5 %
La République démocratique du Congo, plus grand pays d’Afrique subsaharienne par sa superficie, a enregistré une solide croissance de son PIB de 6,5 % en 2024, contre 8,6 % l’année précédente.
Cette expansion a été stimulée par le secteur extractif en plein essor, qui a progressé de 12,8 % grâce à la demande mondiale croissante de cobalt et de cuivre, dont la RDC dispose en abondance.
Malgré ses richesses minières, la RDC reste l’un des pays les plus pauvres du monde, avec plus de 73 % de ses plus de 100 millions d’habitants vivant avec moins de 2,15 dollars par jour. La croissance des secteurs non miniers est restée modeste, à 3,2 %, portée par la construction et les services.
L’amélioration des exportations minières a permis de réduire le déficit courant à 3,4 % du PIB, tandis que l’augmentation des investissements étrangers et des financements extérieurs a contribué à stabiliser les réserves de change, qui couvrent désormais 2,5 mois d’importations. L’inflation a reculé à 11,3 % en fin d’année, soutenue par un ralentissement de la dépréciation du franc congolais.
Pourtant, des défis se profilent. La croissance du PIB devrait ralentir à 4,7 % en 2025, avec un nouveau recul attendu d’ici 2027, en raison du ralentissement de la production minière.
Sénégal
PIB (exercice 2024) : 6,7 %
Le Sénégal devrait afficher la croissance économique la plus rapide d’Afrique de l’Ouest en 2025, avec un PIB réel en hausse de 8,4 %, contre un niveau déjà élevé de 6,7 % en 2024.
Cette dynamique fait suite à un changement politique historique : Bassirou Diomaye Faye, ancien opposant, a remporté la présidence lors des élections de mars 2024, marquant ainsi la quatrième transition démocratique pacifique du Sénégal depuis l’indépendance.
Situé à l’extrême ouest du continent, le Sénégal demeure un modèle de stabilité dans une région instable. Sa population de plus de 18 millions d’habitants est fortement concentrée à Dakar, la capitale dynamique qui occupe seulement 0,3 % du territoire national, mais abrite près d’un quart de sa population.
L’accélération économique est alimentée par les réformes structurelles et les attentes liées au démarrage de la production pétrolière et gazière, le Sénégal visant à se transformer en une économie productrice d’hydrocarbures.
Éthiopie
PIB (exercice 2024) : 8,1 %
L’économie éthiopienne a enregistré une solide croissance de 8,1 % au cours de l’exercice 2024, positionnant le pays comme l’économie à la croissance la plus rapide d’Afrique. Cependant, avec un ralentissement prévu de la croissance à 6,6 % en 2025, les décideurs politiques ont de plus en plus de mal à traduire cette dynamique économique en prospérité généralisée.
Avec 108,4 millions d’habitants en 2024, l’Éthiopie poursuit un développement piloté par l’État, axé sur les infrastructures, l’agriculture et les services de base.
Ces investissements ont produit des résultats tangibles : plus de 60 millions de personnes ont désormais accès à l’eau potable, l’accès à l’électricité a doublé et les taux de vaccination infantile ont fortement augmenté. Le taux de pauvreté national est passé de 39 % en 2004 à 24 % en 2016.
Pourtant, des défis se profilent. Avec un PIB par habitant de 1 320 dollars et un revenu national brut encore plus faible, l’Éthiopie reste l’un des pays les plus pauvres du monde. L’inflation, les contraintes de change et une dette publique importante continuent de peser sur les finances des ménages et de l’État.