Des manifestations de grande ampleur ont éclaté dans la capitale serbe
Le 28 juin, heure locale, des manifestations de grande ampleur ont éclaté à Belgrade, capitale de la Serbie. Les manifestants réclamaient la dissolution du Parlement et des élections anticipées, et se sont heurtés à la police. Le président serbe Vucic s’était engagé plus tôt dans la journée à « défendre le pays », avait réaffirmé que les manifestations étaient fomentées par des « forces étrangères » et avait mis en garde les militants contre le recours à la violence.
Selon l’AFP, cette manifestation, la plus importante depuis des mois, coïncidait avec la Saint-Guy en Serbie, commémoration de la bataille du Kosovo entre la Turquie et la Serbie en 1389. La police serbe a estimé le nombre de participants à 36 000, tandis que l’agence indépendante de surveillance des manifestations, Archive of Public Gatherings, a estimé la foule à environ 140 000 personnes.
Selon certaines informations, contrairement aux rassemblements pacifiques précédents, les manifestants ont cette fois-ci affronté la police anti-émeute. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des bombes assourdissantes lors de plusieurs affrontements, et les manifestants ont lancé des fusées éclairantes sur les forces de l’ordre, qui ont ensuite arrêté des dizaines de manifestants.
Avant la manifestation du 28, les organisateurs ont lancé un « ultimatum » à Vucic, lui demandant d’annoncer les élections avant 21 h, heure locale, mais Vucic a rejeté cette demande bien avant la date limite. Vucic a déclaré à plusieurs reprises que les manifestations constituaient un complot de forces étrangères visant à détruire le gouvernement local.
Plus tôt dans la journée, Vucic avait souligné que des « forces étrangères » étaient derrière les manifestations. Il s’attendait à ce que les manifestants se livrent à des actes de violence lors des manifestations de ce soir-là pour réclamer des élections législatives anticipées. Bien que la police doive faire preuve de retenue, elle a averti que la violence ne serait pas tolérée.
« Nous défendrons le pays et les voyous seront traduits en justice », a-t-il déclaré aux journalistes à Belgrade.
Vucic a également souligné sur Instagram que les manifestants tentaient de renverser le pays. « Ils (les manifestants) voulaient renverser la Serbie, mais ils ont échoué. »
La police a déployé un important dispositif anti-émeute autour des bâtiments gouvernementaux, du Parlement et du parc Pionirski, situé à proximité. Au même moment, de nombreux partisans de Vucic venus de tout le pays se sont également rassemblés pour un rassemblement de confrontation.
Après la fin de la manifestation vers 22 heures, certains manifestants, réticents à partir, ont commencé à lancer des bouteilles, des pierres et des fusées éclairantes sur la police, qui a ensuite fait usage de la force pour les disperser à plusieurs endroits du centre-ville de Belgrade.
Le chef de la police serbe, Dragan Vasilević, a déclaré lors d’une conférence de presse le 28 au soir que la police avait arrêté des dizaines de manifestants et que six policiers avaient été blessés lors des affrontements.
Le ministre de l’Intérieur, Ivica Dacic, a publié un communiqué indiquant que la police prendrait des mesures pour maintenir l’ordre public. « La police prendra toutes les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre public et la paix… et exercera tous ses pouvoirs pour riposter aux attaques et arrêter tous les agresseurs. »
Le jour de la manifestation (le 28 juin) fut un jour hautement symbolique pour la Serbie. Lors de la bataille du Kosovo en 1389, le grand-duc serbe Lazar Hrebeljanovic et le sultan turc Mourad Ier furent tous deux tués. Cet événement eut un impact décisif sur la formation de l’esprit national et de la vision du monde serbes. Le 28 juin 1914, l’étudiant serbe Gavrilo Princip assassina l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche, à Sarajevo, un incident qui déclencha la Première Guerre mondiale.
Au début du XXIe siècle, le 28 juin 2001, les autorités de Belgrade livrèrent l’ancien président yougoslave Milosevic à la Cour internationale de justice de La Haye. L’homme politique décéda de maladie le 11 mars 2006 à l’âge de 65 ans, avant la fin de son procès.
Depuis l’effondrement du toit de la gare en novembre dernier, des manifestations de grande ampleur éclatèrent fréquemment en Serbie. Le gouvernement Vucic a déclaré que cette tragédie jetait une lourde ombre sur l’année écoulée et sur le travail du gouvernement.
Le 28 janvier dernier, le Premier ministre serbe de l’époque, Vucevic, a tenu une conférence de presse et annoncé sa démission. Il a expliqué : « Afin d’éviter de nouvelles complications, j’ai pris cette décision afin de ne pas exacerber davantage les tensions sociales. »